Comme il fallait s’y attendre, le régime putschiste du Burkina a enfin dévoilé ses cartes, dans un acte qui frôle le grotesque. Lors d’une édition spéciale sur la télévision nationale, ce lundi 23 septembre, dans la soirée, le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana, a relaté un récit qui pourrait sans peine figurer dans un scénario hollywoodien, tant il comporte de rebondissements dignes des plus grands thrillers. Il a évoqué une conspiration ourdie par des officiers et sous-officiers burkinabè, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières du pays. Cerise sur le gâteau, il a même annoncé qu’un nouveau complot se préparait dans l’ombre.
Ce qui frappe, cependant, c’est la manière dont ce récit s’acharne à incriminer, avec une étonnante insistance, des pays voisins tels que la Côte d’Ivoire, refuge de plusieurs personnalités burkinabè, le Ghana, qui vient d’expulser des réfugiés, et le Nigeria, dont le président est le chef de la CEDEAO. Tout cela semble un peu trop cousu de fil blanc, n’est-ce pas ?
On ne peut s’empêcher de penser que ce silence assourdissant d’Ib Cacao, suite au massacre de plus de 300 âmes à Barsalogho, n’était rien d’autre qu’un écran de fumée. Comme à chaque fois qu’il se retrouve dans une situation délicate, il se complait à inventer une nouvelle affaire, histoire de noyer le poisson. Le voilà donc, une fois de plus, plongé dans une narration digne d’un scénariste amateur, où l’absurde côtoie le tragique.
Les rumeurs persistent : Ib Cacao redoute pour sa vie. Les témoignages font état d’un homme particulièrement irascible et erratique ces derniers temps, peut-être en proie à la paranoïa. Le départ des mercenaires russes de la force paramilitaire l’aura-t-il rendu plus fébrile ? Il semble, en tout cas, chercher désespérément sa guerre dans la sous-région, convaincu qu’il peut y trouver une issue à sa folie. Mais attention, car il risque de se heurter à une riposte à la mesure de son imprudence.
Ainsi, le régime, en proie à ses propres démons, ne fait qu’enfler le récit de sa propre tragédie. Et nous, spectateurs involontaires de ce drame, ne pouvons qu’observer, un sourire en coin, l’absurdité de la situation.
Yacouba DOUMBIA
Journaliste / Observateur averti / Spécialiste de l’AES
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