Salif Keita, artiste musicien malien organise un concert, le vendredi 17 novembre 2023 à partir de 19h au Palais de la culture de Treichville. La star malienne de la musique mandingue s’est illustré, ces dernières années, de fort mauvaise manière.
L’auteur de la célèbre chanson « Mandjou », dédiée au président Guinée Sekou Touré, a un parcours pour le moins controversé. Concernant la Côte d’Ivoire particulièrement, l’artiste fait preuve d’une grande hypocrisie. En effet, au plus fort des relations tendues entre la junte militaire malienne au pouvoir et Abidjan, l’artiste est resté curieusement muet, justifiant ainsi l’adage qui dit que _« qui ne dit rien consent »_. Et pourtant, sa carrière musicale a véritablement décollé dans le pays de Félix Houphët-Boigny. En 1973, il s’installe en Côte d’Ivoire où il enregistre le titre « Mandjou » qui connaît un succès fou. S’en suivent des albums enregistrés en France qui connaissent également de gros succès. Sa carrière a donc véritablement décollé au bord de la lagune ébrié. D’ailleurs, l’artiste lui-même le rappelle constamment.
*Un silence coupable dans la crise Côte d’Ivoire-Mali*
Quand les soldats ivoiriens en mission au Mali furent arrêtés et traités de mercenaire, Salif Keita aurait pu ou aurait dû réagir, au nom de la fraternité entre les deux peuples. Il a préféré gardé un silence assourdissant. Devenu un soutien inconditionnel de la junte malienne, il a adopté l’attitude des singes de la gravure : _« ne rien dire, ne rien voir et ne rien entendre »_. Il a même été membre de l’Assemblée mise en place par la junte militaire malienne en 2020 et conseiller du chef de la junte jusqu’en août 2023, avant de démissionner pour des raisons personnelles. Toutefois, il a dit soutenir les militaires au pouvoir qui ont plongé leur pays dans une insécurité grandissante.
*Un concert honteux et inopportun*
C’est ce Salif Keita qui décide, toute honte bue, d’organiser un concert en Côte d’Ivoire. Comme quoi, l’hypocrisie a de beaux jours devant elle. Participer à la légitimation d’un putsch qui a fait reculer le Mali et qui a créé de fortes tensions avec la Côte d’Ivoire, son pays d’adoption, et venir organiser un concert comme si de rien n’était, il faut s’appeler Salif Keita pour le faire. Dans le pays bambara, il y a un adage bien connu qui dit que _« même si tu n’as pas pitié, il faut avoir honte »_. Si Salif Keita a un peu de dignité, il se passerait de la Côte d’Ivoire. Hélas, ce n’est pas un « honron » (noble, ndlr). C’est un grand artiste, cela est incontestable, mais un grand hypocrite, ce qui est indéniable. Dans le jargon de rue en Côte d’Ivoire, les noussis diront que c’est un « zogoh » (un traître).
Yacouba DOUMBIA
Observateur averti
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