Le gaz butane est l’un des produits subventionné en Côte d’Ivoire, avec des prix homologués recommandés par le Ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie. Cependant, bien que les stations-services soient respectueuses de ceux-ci, chez les revendeurs dans les quartiers, ce n’est malheureusement pas le cas. Chacun y va de son prix et ses raisons. Enquête
A Marcory, à l’instar des autres communes d’Abidjan, le gaz est utilisé tant dans les foyers que les commerces. Mais dans cette commune chic du maire Aby Raoul, le constat des prix est amer. Dans plusieurs points de vente, la bouteille de B6 est vendue à un prix compris entre 2200 et deux-mille-cinq-cents (2500) Fcfa, celle de B12 coûte entre cinq-mille-cinq-cents (5500) Fcfa et six-milles (6000) Fcfa.
Il est 10h, ce mardi, lorsque notre équipe visite le magasin d’Alpha dans le village d’anoumabo. L’air détendu, ce jeune d’une trentaine d’année, nous confie que leurs nombreuses charges sont à l’origine de cette augmentation.
Chez lui, la bouteille de B6 est à deux-mille-trois-cents (2300) Fcfa et la B12 est à cinq-mille-cinq-cents (5500) Fcfa.
« Nous avons beaucoup de charges. Il faut payer les salaires du personnel, le loyer, ainsi que les différentes factures. C’est vraiment difficile », indique-t-il.
Il révèle également que les bouteilles de gaz ne s’achètent pas tous les jours. « Les bouteilles sortent lentement. On peut faire trois ou quatre semaines avant d’écouler la marchandise. Donc, ça complique les choses ».
Le prix d’achat des bouteilles est aussi une autre difficulté. A l’en croire, le coût de recharge d’une B6 lui revient à mille-huit-cents (1800) ou mille-huit-cent-cinquante (1850) Fcfa. « Le prix varie d’une société à une autre. Et il y a aussi le fait que quand il y a des pénuries, les gens préfèrent livrer à leurs clients fidèles », ajoute-t-il.
A la question de savoir ce qu’il en est de la recommandation du gouvernement d’appliquer les prix homologués, il répond sèchement. « On ne peut pas appliquer ces prix. Auquel cas, on sera obligé de fermer parce qu’on ne pourra pas supporter les charges ».
Pour lui, le gaz butane doit recevoir une plus grande subvention de la part de l’Etat. C’est la seule condition, dit-t-il, pour que les prix indiqués soient pris en compte.
Comme lui, Mme Adjara, gérante d’un point de vente de gaz à Marcory-Remblai, évoque aussi, des charges. Dans son magasin, la B6 est à deux-mille-deux-cents (2200) Fcfa et la B12 à cinq-mille-cinq-cents (5500) Fcfa.
Pour faire face à toutes les charges, elle propose l’augmentation du prix de la bouteille.
A Marcory-Sicogi, l’un des magasins que nous avons visités, affiche deux-mille-cinq-cents (2500) Fcfa pour la B6 et six-milles (6000) Fcfa pour la B12,5. Les gérants, un peu gêné par notre présence n’a pas souhaité se prêter à nos questions.
Dans la commune de Koumassi, la plupart des personnes avec qui nous avons échangées, justifient l’augmentation par la pénurie observée depuis quelques jours .
« Actuellement, il n’y a pas de gaz donc le peu qu’on nous livre-là, on est obligé d’augmenter pour avoir une marge dessus », mentionne un revendeur.
Mlle Gnamien, propriétaire de magasin de vente de gaz, à Koumassi remblai met sur la table justifie l’augmentation par la traque au transvasement illicite de gaz butane.
Pour elle, le fait que le gouvernement ait procédé au démantèlement de plusieurs lieux de reconditionnement illicite de gaz butane provoque une pénurie et donc l’augmentation du prix.
Pour le gouvernement, il n’y a pas pénurie et donc rien ne justifie l’augmentation, selon un communiqué de la Direction générale des hydrocarbures, en date 22 août 2023.
« La Direction générale des Hydrocarbures (Dgh) du Ministère des Mines, du Pétrole et de l’Energie, tient à rassurer les consommateurs sur la disponibilité effective du gaz butane. En effet, les sphères de stockage de gaz butane sont à 100% de leurs capacités et l’écoulement du produit, après de légères perturbations, est convenablement assuré par les circuits de distribution », indique la note.
La Dgh a exhorté en outre les populations à acheter des bouteilles aux prix homologués à savoir : deux-milles (2000) Fcfa pour la B6, cinq-mille-deux-cents (5200) Fcfa pour la bouteille de 12,5 Kg, huit-mille-cent-vingt-cinq (8125) Fcfa pour la B17,5, onze-mille-six-cent-dix (11610) Fcfa pour la B25 et treize-milles (13.000) Fcfa pour la B28, rappelant que tout contrevenant s’expose aux sanctions prévues en la matière.
En attendant que ces sanctions brandies par les autorités soient effectives, les revendeurs continuent de faire la pluie et le beau temps et les stations-services seules à respecter les prix.
Marina Nouan
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