Dans un communiqué publié ce mardi le Cadre restreint de Générations et Peuples Solidaires (GPS) s’est prononcé sur la récente grève des enseignants en Côte d’Ivoire.
Ci dessous sa réaction
𝐃𝐮 𝐬𝐨𝐮𝐭𝐢𝐞𝐧 𝐚̀ 𝐥𝐚 𝐠𝐫𝐞̀𝐯𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐞𝐧𝐬𝐞𝐢𝐠𝐧𝐚𝐧𝐭𝐬 𝐞𝐧 𝐂𝐨̂𝐭𝐞 𝐝’𝐈𝐯𝐨𝐢𝐫𝐞
Les enseignants de Côte d’Ivoire, accompagnés d’autres fonctionnaires, ont observé une grève de 72 heures (du 15 au 17 octobre 2024) pour réclamer :
1- 𝐿’𝑒𝑥𝑡𝑒𝑛𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑟𝑖𝑚𝑒 𝑡𝑟𝑖𝑚𝑒𝑠𝑡𝑟𝑖𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑑’𝑖𝑛𝑐𝑖𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑎̀ 𝑡𝑜𝑢𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑓𝑜𝑛𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛𝑛𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠.
Déjà existante dans plusieurs secteurs d’emploi de la fonction publique, l’octroi de cette prime aux fonctionnaires qui n’en bénéficient pas viendra réparer une injustice salariale et mettre fin à la ségrégation de traitement entre deux catégories de fonctionnaires.
2- 𝐿’𝑖𝑛𝑠𝑡𝑖𝑡𝑢𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑’𝑢𝑛𝑒 𝑓𝑖𝑙𝑖𝑒̀𝑟𝑒 𝑟𝑒𝑙𝑎𝑡𝑖𝑣𝑒 𝑎̀ 𝑙’𝑎𝑑𝑚𝑖𝑛𝑖𝑠𝑡𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑠𝑐𝑜𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑙𝑎 𝑐𝑟𝑒́𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑’𝑢𝑛 𝑝𝑟𝑜𝑓𝑖𝑙 𝑑𝑒 𝑐𝑎𝑟𝑟𝑖𝑒̀𝑟𝑒 𝑒𝑡 𝑑’𝑒𝑚𝑝𝑙𝑜𝑖𝑠 𝑛𝑜𝑢𝑣𝑒𝑎𝑢𝑥.
La satisfaction de cette revendication répond au besoin de mobilité et de promotion professionnelle des agents du secteur Éducation-Formation à qui il est désormais impossible de migrer vers d’autres secteurs d’emploi plus enviables parce que plus rémunérateurs.
3- 𝐿𝑒 𝑟𝑒𝑚𝑏𝑜𝑢𝑟𝑠𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑠𝑎𝑙𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 𝑖𝑛𝑗𝑢𝑠𝑡𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑢𝑠𝑝𝑒𝑛𝑑𝑢𝑠 𝑜𝑢 𝑝𝑜𝑛𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛𝑛𝑒́𝑠 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑓𝑎𝑖𝑡 𝑑𝑒 𝑔𝑟𝑒̀𝑣𝑒 𝑒𝑛 2019 𝑒𝑡 2020.
Si la loi donne le droit à l’employeur de prélever les jours non travaillés en cas de grève, il faut cependant noter que les suspensions et ponctions susmentionnées l’ont été abusivement dans la plupart des cas, car ne respectant pas la règle de la proportionnalité exigée en pareille circonstance. Mieux, l’enseignement a ceci de particulier que les cours sont toujours rattrapés et les programmes scolaires achevés avant les examens à grand tirage.
4- 𝐿𝑎 𝑟𝑒𝑣𝑎𝑙𝑜𝑟𝑖𝑠𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒𝑠 𝑖𝑛𝑑𝑒𝑚𝑛𝑖𝑡𝑒́𝑠 𝑙𝑖𝑒́𝑒𝑠 𝑎𝑢𝑥 𝑒𝑥𝑎𝑚𝑒𝑛𝑠 𝑎̀ 𝑔𝑟𝑎𝑛𝑑 𝑡𝑖𝑟𝑎𝑔𝑒 𝑒𝑡 𝑙𝑒𝑢𝑟 𝑝𝑎𝑖𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑎𝑢 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑡𝑎𝑟𝑑 𝑑𝑒𝑢𝑥 𝑠𝑒𝑚𝑎𝑖𝑛𝑒𝑠 𝑎𝑝𝑟𝑒̀𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑒𝑥𝑎𝑚𝑒𝑛𝑠.
En effet, les taux des indemnités actuellement pratiqués, qui datent de près de vingt ans, sont obsolètes et ne tiennent pas compte de la progression vertigineuse du coût de la vie. En outre, leur paiement, après quasiment un an, démotive de plus en plus d’enseignants qui déclinent les convocations à prendre part aux examens.
5- 𝐿𝑎 𝑝𝑟𝑜𝑚𝑜𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒𝑠 𝐼𝑛𝑠𝑡𝑖𝑡𝑢𝑡𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑎𝑑𝑗𝑜𝑖𝑛𝑡𝑠 (𝐼𝐴) 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙’𝑒𝑚𝑝𝑙𝑜𝑖 𝑑𝑒𝑠 𝐼𝑛𝑠𝑡𝑖𝑡𝑢𝑡𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑜𝑟𝑑𝑖𝑛𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 (𝐼𝑂).
Les premiers cités, majoritairement titulaires du Certificat d’aptitude pédagogique (CAP), équivalent au baccalauréat, méritent amplement d’être reclassés dans l’emploi supérieur d’Instituteurs ordinaires. En outre, cette revendication vise à mettre fin à l’emploi d’Instituteur adjoint (niveau BEPC) et ainsi rehausser le niveau des enseignants à recruter pour la formation de nos enfants.
Ces revendications sont légitimes en raison de la stagnation des salaires. Elles sont également justifiées par un contexte économique marqué par une inflation galopante qui détériore les conditions de vie et de travail des enseignants. Ces derniers ne sont pas de simples des transmetteurs de savoir. Ils sont les bâtisseurs des esprits de demain, formant les citoyens, les dirigeants et les acteurs essentiels du développement de notre nation. Sans leur engagement quotidien, la société perdrait ses fondements mêmes de progrès et de justice sociale.
Face à des conditions de travail précaires, avec des classes surpeuplées ou en décrépitude, un manque criant de matériels pédagogiques et l’absence de formation continue, les revendications des enseignants constituent un appel urgent à la réforme du système éducatif et à la justice sociale. Leur dévouement, face à des classes surchargées et à un manque chronique de ressources pédagogiques, témoigne de leur vocation, voire de leur passion pour l’éducation et de leur amour pour nos enfants.
L’inflation en Côte d’Ivoire a atteint 7,3 % en 2023 provoquant une augmentation généralisée des prix des biens de consommation essentiels, tels que les denrées alimentaires, le logement et le transport. Une étude récente révèle que les enseignants doivent dépenser en moyenne 15 % de plus chaque mois pour subvenir à leurs besoins essentiels par rapport à 2022.
Une augmentation significative sous forme de primes trimestrielles ou de revalorisation des salaires est essentielle pour compenser la perte de pouvoir d’achat et maintenir une qualité de vie décente. Cette mesure relève non seulement de l’équité, mais constitue aussi un impératif pour permettre aux enseignants de continuer à se consacrer pleinement à leur mission éducative.
Malgré le respect des procédures légales, le gouvernement ivoirien, comme à l’accoutumée, a jugé cette grève illégale, éludant tout dialogue constructif et recourant à des tactiques de menaces et d’intimidations. Cette attitude ne fait qu’aggraver la crise, alors qu’un dialogue sincère et honnête pourrait permettre de parvenir à un compromis mutuellement acceptable.
GPS exprime son plein soutien aux enseignants et à leurs revendications légitimes, rappelant que le droit de grève, un droit constitutionnel, doit pouvoir s’exercer sans menace ni intimidation.
GPS appelle à une solidarité nationale forte pour défendre les droits des enseignants, véritables piliers de la formation des générations futures et de la construction durable de notre nation. Le gouvernement doit comprendre que les retards dans la satisfaction de ces revendications ne sont plus acceptables. L’éducation de nos enfants ne peut plus être sacrifiée sur l’autel de l’inaction.
GPS exige une réponse immédiate et des mesures tangibles pour restaurer la dignité des enseignants et garantir l’avenir de l’éducation en Côte d’Ivoire. Une nation qui honore ses enseignants fait le choix d’investir durablement dans son avenir. L’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants, c’est aussi la garantie d’une éducation de qualité pour chaque enfant et par conséquent, un développement durable et inclusif pour notre pays.
GPS exhorte le régime Ouattara à abandonner ses manœuvres dilatoires et à s’engager dans un dialogue ouvert. L’amélioration du bien-être des enseignants est essentielle à la qualité de l’éducation et donc à l’avenir de la nation.
David Kouassi
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