Un rapport de l’Union européenne jetait, à partir de 2002, une lumière crue sur la filière cacao, pilier de l’économie ivoirienne. Ce document de 200 pages, dont la presse nationale et internationale s’en étaient fait un large écho, en 2005, révèlait « une gestion opaque et arbitraire du secteur », exposant des détournements de fonds alarmants.
Les auteurs du rapport, dont l’avocat parisien Xavier Ghelber, ont même failli disparaître à Abidjan. Dans ce rapport, les experts avaient conclu que « les structures créés pour la gestion ne pouvaient être que liquidées ».
En fait, sous Laurent Gbagbo, de nouvelles structures de régulation avaient été mises en place, telles que l’Autorité de régulation et de contrôle du café-cacao (ARCC), le Fonds de régulation et de contrôle (FRC) du café-cacao, la Bourse du café et du cacao (BCC). Cependant, le rapport d’audit soulignait qu’« aucune convention de concession de service n’a été passée avec l’État », et que ces organismes fonctionnent sans cadre légal, se prévalant du statut de sociétés commerciales privées tout en étant financées par des fonds publics.
Les experts de l’Union européenne dénonçaient également l’absence de contrôles sur les budgets considérables alloués à ces structures, signalant l’existence probable d’emplois fictifs et le manque de données fiables sur les volumes et les prix du cacao. De plus, les ressources de la BCC, souvent excédentaires, menaient à des dépenses superflues et contestables, comme l’acquisition d’une société de production d’œufs, sans lien direct avec la filière.
Plus alarmant encore, le Fonds de régulation et de contrôle (FRC), supposé soutenir les petits producteurs, a été utilisé pour financer des achats d’armes. Près de 30 milliards de francs CFA ont été détournés sans l’aval du conseil d’administration, et une grande partie des 400 milliards CFA prélevés entre 2002 et 2004 n’a pas bénéficié à la filière.
Les détournements dans la filière café-cacao sous Laurent Gbagbo avoisinaient, selon différents rapports (Union Européenne, Banque mondiale et FMI), près de 500 milliards de Fcfa. Ce sont des faits et non des incantations. Le PPA-CI est mal placé pour critiquer la filière, d’autant plus qu’il y a foutu la pagaille, obligeant les producteurs à brûler leurs productions pour les prix dérisoires que leur imposaient des acheteurs véreux tapis au cœur du système.
Yacouba DOUMBIA
Journaliste / Observateur averti
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