PLAIDOYER POUR LA PAIX.
La paix n’est pas un vain mot, c’est avant tout une volonté politique. Mais ce mot a une signification particulière selon qu’on est de tel bord, de telle organisation ou association. Leur seul point commun, c’est la conviction de chacun d’avoir raison et ainsi de s’autoriser à invectiver l’autre pour son ignorance, son incompétence et ses arguties.
A l’approche de l’élection présidentielle de 2025, la Côte d’Ivoire se retrouve une fois de plus à un carrefour décisif de son histoire. Après avoir fait l’expérience depuis 1990 d’élections chaotiques, de crises électorales sanglantes, de violences fratricides, nous sommes tous conscients – malheureusement à des degrés divers – que nos compatriotes ne veulent plus revivre ces douloureux chapitres d’un passé récent. Nous aspirons tous à un avenir apaisé et à des élections qui traduisent véritablement le choix du peuple et ne se conquièrent plus par la force ou la fraude mais par les urnes et le respect des institutions.
Le climat politique tendu amène certains, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition à tenir des propos exagérés, belliqueux ou haineux. Plutôt que de perdre son temps à accuser l’autre, il serait plus sain de se comporter tous en responsables, soucieux de rompre le cycle de violence qui est en train de s’instaurer. N’oublions pas qu’un pays en voie de développement comme le nôtre reste fragile et dont la stabilité peut être balayé par une crise politique. Les exemples ne manquent pas autour de nous.
La paix, je le répète n’est pas un luxe. C’est une nécessité vitale. Sur elle, repose l’éducation, la santé, l’investissement, l’emploi et l’avenir de notre jeunesse. Et une élection mal préparée peut faire voler en éclat l’équilibre d’un pays.
Pourquoi le gouvernement et le parti au pouvoir campent-ils sur leurs positions ? Figés, sourds et muets devant les observations de l’opposition alors que nous savons que les tensions préélectorales viennent souvent d’un manque de communication, d’une absence d’écoute mutuelle.
Le jeu démocratique justifie les aspirations à avoir des institutions fortes et notamment une CEI crédible et exempte de toute influence partisane.
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La recherche de la paix doit nous amener à nous asseoir et ensemble à nettoyer la liste électorale de toutes ses anomalies. Si tout est aussi propre qu’on nous le dit, pourquoi craindre une vérification commune sous l’œil d’un expert neutre. Pourquoi s’entêter à nous imposer une Commission électorale qui ne suscite que méfiance et soupçon alors qu’il est encore temps de la réformer.
La paix est une exigence collective. Ne laissons pas les démons du passé nous rattraper. Nous avons déjà fait l’expérience de l’exclusion de figures emblématiques de la politique et de la dangerosité des polémiques identitaires autour de la nationalité, aujourd’hui celle du Président du Pdci, hier celle du Président Ouattara. Au nom de cette paix qu’on banalise, il serait plus sage de se parler pour apaiser les tensions croissantes et ainsi diminuer la désillusion du peuple envers sa classe politique.
Le peuple ivoirien nous regarde. Il a déjà trop souffert. Ne mérite-t-il pas qu’on lui offre pour la première fois depuis 1990 des élections sans larmes, sans violences où le sang ne coulera plus ? Martin Luther King disait à juste titre : « Malgré ses victoires, la violence n’apporte jamais de paix durable ».
Danièle Boni-Claverie
Présidente de l’URD
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