L’arrestation d’Innocent Yao, président de la Jeunesse rurale du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (JPDCI-RDA), a rapidement enflammé les réseaux sociaux, certains y voyant la main du pouvoir. Mais selon les informations recueillies par l’oeil d’Abidjan, ce sont les tensions internes au PDCI qui seraient à l’origine de sa garde à vue.
Tout commence lors d’un meeting local du parti. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, Innocent Yao filme des enfants mineurs vêtus de t-shirts à l’effigie du PDCI, dont certains à l’image de Valérie Yapo, cadre influente du parti. Dans la légende qui accompagne la vidéo, il accuse nommément Wilfried Koffi, militant actif surnommé « Wil de Yopougon », d’avoir fait appel à ces enfants pour semer la confusion et créer un désordre orchestré au sein du parti. Un message lourd de sous-entendus dans un contexte pré-électoral déjà sous tension.
La riposte de Wilfried Koffi ne se fait pas attendre. Il rejette en bloc les accusations, affirmant n’avoir même pas assisté au meeting en question. Ce jour-là, précise-t-il, il participait à une autre mobilisation politique au Plateau, en soutien à Valérie Yapo. L’affaire prend un tournant judiciaire : Koffi dépose plainte pour diffamation et atteinte à son image via les réseaux sociaux.
Mais cette plainte n’est que la partie émergée de l’iceberg. En enquêtant sur la vidéo, les autorités découvrent que des images de mineurs ont été captées et diffusées sans consentement parental, un fait considéré comme une infraction grave au regard de la législation sur la protection de l’enfance. Ce motif a suffi à justifier la convocation – puis la garde à vue – du jeune leader politique.
En toile de fond, cette affaire met en lumière les fractures internes qui divisent le PDCI-RDA. Deux courants s’affrontent : d’un côté, les proches de Valérie Yapo, figures montantes d’une ligne dure et structurée ; de l’autre, les fidèles de Tidjane Thiam, revenu au pays avec l’ambition de redonner un souffle au vieux parti. Innocent Yao est perçu comme l’un des relais actifs de ce dernier. Les tensions entre les deux camps s’exacerbent à mesure que se rapprochent les élections de 2025.
Contacté par PDCI 24h/24 TV, Wilfried Koffi a indiqué avoir retiré sa plainte, préférant un règlement « en interne » de la querelle. Mais ce geste n’efface pas les conséquences juridiques possibles de la diffusion d’images de mineurs sans autorisation. L’affaire reste donc entre les mains de la justice.
Pour le PDCI-RDA, cette passe d’armes tombe au plus mauvais moment. Alors que le parti cherche à reconstruire son unité et à se projeter dans la bataille électorale à venir, les querelles internes risquent de fragiliser un peu plus sa cohésion. Reste à savoir si la direction du parti saura imposer l’autorité nécessaire pour éviter que ces tensions ne dégénèrent davantage.
David Kouassi
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