Récemment, j’ai eu l’occasion d’écouter Brindoumi Soumaila, qui loue avec enthousiasme la démocratie au sein du PDCI-RDA.
Selon lui, ce serait le seul parti où l’on peut exprimer sa candidature sans crainte de répercussions. Une affirmation qui, après avoir revisité l’histoire de ce vieux parti, m’a laissé perplexe face à une vision manifestement embellie de la réalité.
Pour illustrer mes propos, je me limiterai à l’année 2000, une période relativement récente. Lors de la convention du 19 août de cette année-là, Émile Constant Bombet a été désigné comme candidat, recueillant 36 % des suffrages exprimés par 3000 délégués, face à sept autres candidats, dont Henri Konan Bédié (autour de 25%), alors président du parti, en exil. Malgré ce score, Bédié et trois autres cadres du PDCI ont néanmoins choisi de se porter candidats à la présidentielle. Ce n’est là ni plus ni moins que de la dissidence, et non de la démocratie.
En 2015, lors d’un congrès, le PDCI a désigné Alassane Ouattara comme son candidat, suite à l’appel de Daoukro lancé par feu Henri Konan Bédié. Cependant, la fronde s’est manifestée au sein du parti : Charles Konan Banny, Kouadio Konan Bertin et Essy Amara, tous membres du PDCI, ont décidé de se présenter également. Bien qu’ils aient finalement reculé, leur candidature a été validée par le Conseil constitutionnel, leur permettant de recueillir des suffrages. Là encore, on est en présence de dissidence, et non de démocratie.
L’année 2020 a vu un nouveau rebondissement : le PDCI désigne son candidat à la présidentielle, Henri Konan Bédié. Cependant, Kouadio Konan Bertin refuse de s’aligner sur cette décision et dépose sa propre candidature. Finalement, Bédié recule, et Bertin devient le seul candidat face à Alassane Ouattara. Une fois de plus, cela n’illustre pas la démocratie, mais bien la dissidence.
La démocratie repose avant tout sur le consensus. En son absence, les élections deviennent nécessaires. Ce processus se manifeste à deux niveaux : d’abord, au niveau des idéologies politiques – gauche, droite et centre – qui se déclinent en projets pour solliciter le soutien des électeurs. Ensuite, au sein des partis, où les primaires permettent de choisir celui qui portera le projet. Tout cela découle d’une recherche de consensus ; lorsque ce dernier échoue, on recourt aux primaires.
Or, au sein du PDCI, malgré l’existence de conventions censées définir le choix des candidats, les candidatures continuent d’émerger. Cela démontre clairement qu’il ne s’agit pas de démocratie, mais bien de dissidence.
Brindoumi semble ignorer l’histoire de son propre parti, tentant d’embellir une situation désastreuse. Affirmer que la démocratie se résume à des déclarations de candidature est un trompe-l’œil. Si tant est qu’il s’agisse de démocratie, pourquoi alors convoquer Billon en conseil de discipline ? Pourquoi piétiner les textes du parti pour imposer un candidat en tordant, à l’arrière cour, le bras de Guikahué. En agissant ainsi, le PDCI de Brindoumi et de Thiam reconnait qu’il existe des dysfonctionnements notables. Qu’il nous épargne donc de ses illusions et cesse de nous enfumer.
Yacouba DOUMBIA
Journaliste / Observateur averti
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