Propos liminaires du président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, tenus lors de sa conférence de presse, le jeudi 17 avril 2025, au siège du FPI sis aux 2 Plateaux-Vallons.
C’est une conférence de presse qui est consacrée à la situation qui prévaut à l’heure actuelle à la commission électorale indépendante (Cei).
En termes de discours liminaire, je voudrais dire que le processus électoral devant conduire la Côte d’Ivoire, notre pays, à des élections pacifiques, transparentes, démocratiques et crédibles en octobre 2025, est en crise :
crise de légitimité, crise de crédibilité, crise de confiance. Cette crise tridimensionnelle a été illustrée la semaine dernière par la décision du PPACI d’une part et du PDCI-RDA d’autre part de retirer leur confiance à la commission électorale indépendante.
Ces deux partis ont été suivis hier mercredi 16 avril 2025, par deux sorties. Celle du parti au pouvoir, dans le cadre de ses rendez-vous hebdomadaires avec la presse, et celle du président de la Commission électorale indépendante, dans une rencontre qu’il a organisée avec les hommes de Dieu.
La sortie du porte-parole du RHDP a été consacrée exclusivement à la situation qui prévaut à la Cei. Considérant d’une part que cette situation est une question d’une brûlante actualité qui parasite le débat politique, et d’autre part, parce que les adversaires politiques, je le cite : << veulent se servir de ce prétexte pour tenter de perturber le processus électoral en cours, et le cas échéant justifier leur probable refus d’aller à une élection qu’ils savent qu’ils n’ont aucune chance de remporter.>> Voilà donc ce qui a justifié la sortie du porte-parole du RHDP.
Au regard de l’enjeu de la question, le porte-parole du RHDP a mis à la disposition de la presse une abondante documentation sur l’histoire de la Cei. Ce que nous pouvons noter, c’est qu’il affirme que la Cei n’est ni l’oeuvre, ni l’invention du pouvoir RHDP. Il affirme d’autre part que la Cei a connu plusieurs réformes depuis sa création, en lien avec l’évolution de la situation sociopolitique dans le pays. Et à ce niveau, il a fait référence aux réformes de 2014, de 2019 et de 2020. Je voudrais rappeler que la réforme de 2019 est celle qui guide à l’heure actuelle la composition de la Cei.
Il a tenu à souligner de deux traits, que << toutes ces réformes ont été opérées de façon consensuelle à l’issue de discussions entre toutes les parties prenantes >>. Et pour conclure, le porte-parole parole du RHDP, je le cite encore une fois : << rassure que le processus électoral suivra son cours jusqu’à bon port, nonobstant les tentatives désespérées d’opposants déboussolés qui n’ont qu’un seul projet : faire déraper le calendrier électoral dans le funeste but d’instaurer un régime de transition. >> Là encore, conclut-il, << ils vont lamentablement déchanter.>>
Quant au président de la Cei, il a tenu à rencontrer les hommes de Dieu, a appelé au secours les hommes de Dieu, a tenté de séduire les hommes de Dieu pour les rallier à sa cause et les utiliser dans son combat contre les partis politiques de l’opposition. C’est une manœuvre détestable de tenter d’utiliser Dieu contre les adversaires politiques. Mais il sait qu’il peut distraire les hommes, mais il ne peut pas séduire Dieu par la malice. C’est une vaine entreprise. Le mensonge, la diabolisation des autres ne peut prospérer, parce que Dieu nous connaît tous, et Dieu sait les motivations qui guident l’opposition politique, qu’elles vont dans le sens du bien commun.
Parce que si aujourd’hui nous avons des avancées au plan démocratique, c’est principalement grâce à l’opposition politique. Si lui-même il est aujourd’hui à la tête d’une institution comme la Commission électorale indépendante, c’est grâce au combat des hommes politiques. S’il y a une presse pluraliste, si nous pouvons dans une certaine mesure nous exprimer librement, c’est grâce au combat de l’opposition politique.
Ce que nous entreprenons aujourd’hui s’inscrit dans la mission que nous nous sommes donnés de contribuer à moderniser notre pays, à démocratiser notre pays et à lui donner des moyens d’une bonne gouvernance dans l’intérêt de nos compatriotes. Donc la tentative du président de la Cei de jeter en pâture l’opposition politique ne peut prospérer.
Mais, tout ce que nous pouvons noter, c’est qu’il s’est engagé dans une voie de combattre l’opposition politique. Et il est allé plus loin dans la volonté de manipulation des hommes politiques, en leur faisant croire que si eux ne sont pas à l’heure actuelle à la Commission électorale indépendante, c’est parce que les hommes politiques de l’opposition l’ont voulu. Et voilà ce qu’il affirme : << Qu’avez-vous fait de mal ? >>, parlant du fait que les hommes de Dieu ne sont plus à l’heure actuelle à la Commission électorale. Parce que pour lui, ils ont été exclus injustement, alors qu’ils avaient accompli un travail remarquable.
Il conclut en disant : << Ce qu’on vous a fait, c’est exactement ce qu’on veut me faire aujourd’hui, alors que je suis irreprochable, comme vous le fuite >>. Voilà la mission, la raison de cette présence avec les hommes de Dieu.
Le président de la Commission électorale indépendante est rentré dans une logique de diabolisation de l’opposition politique, dans une logique de combat contre l’opposition politique. C’est donc dire que nous sommes des adversaires, nous ne sommes plus des partenaires. Cela veut dire qu’il n’est pas là pour servir l’intérêt de tous les partis politiques, mais il s’est mis dans une posture de détruire l’opposition politique, de prolonger le combat du RHDP, de discréditer l’opposition politique dans l’opinion et de faire en sorte que cette opposition n’ait aucune chance d’accéder au pouvoir.
Face à cette posture, l’opposition politique doit en tirer les conséquences. Et nous, en tant que parti politique désireux de conquérir le pouvoir, nous ne pouvons plus composer avec le président de la CEI et la Commission électorale indépendante. Parce qu’il se garde bien d’évoquer les motifs de nos contradictions. Il se garde bien d’expliquer comment se fait-il que 6 millions d’ivoiriens, de personnes identifiées, l’ont été irrégulièrement. Il va invoquer le passé. Mais le passé est passé.
Si l’article 7 du Code électoral stipule que celui qui doit se faire enrôler sur la liste électorale doit remplir 13 critères, c’est bien pour que cela serve. Et si vous ne les remplissez pas, vous êtes en infraction. Comment peut-il expliquer les multiples doublons, plus de 200 000 personnes qui sont en doublon sur la liste électorale ? Comment peut-il expliquer que des personnes enrôlées sont nées avant leurs géniteurs ? Ce sont ces incongruités qui sont à la base de nos revendications.
Et c’est pour ces incongruités que nous considérons que la CEI actuelle dirigée par Kuibert a échoué. Et qu’en conséquence, M. Kuibert et l’ensemble des membres de la Commission électorale indépendante doivent en tirer les conséquences et démissionner pour qu’une nouvelle Commission électorale indépendante soit mise en place.
Nous allons nous donner tous les moyens démocratiques pour qu’une nouvelle Commission électorale soit mise en place. Parce que celle-là a perdu totalement notre confiance. Celle-là s’est engagée dans une bataille contre l’opposition politique.
Or, nous, parti politique, nous sommes une institution permanente. Les présidents de commissions passent, mais les partis restent. M. Kuibert n’est pas le premier président de la Commission électorale indépendante. Avant lui, il y a eu d’autres. Certains nous ont quittés. Le doyen Camille Hoguié, notre frère Honoré Guié, qui lui est encore avec nous, le président Youssouf Bakayoko, avant que lui, il n’arrive à la tête de cette Commission électorale indépendante.
C’est donc dire que si l’Etat de Côte d’Ivoire a à choisir entre un président de Commission électorale indépendante et un parti politique, je ne vois pas comment on va faire le choix au profit du président de la Commission. Nous sommes là. C’est lui qui passe. Il a montré qu’il n’est plus au service de cette cause. Il a montré qu’il ne peut plus assumer cette fonction dans l’intérêt de tout le monde.
Il doit dégager. Et avec lui, l’ensemble des membres de son équipe, parce que cette équipe a fait la preuve de son incompétence. Cette équipe a fait la preuve qu’elle ne peut pas organiser des élections transparentes et crédibles.
Le Front populaire ivoirien demande leur démission pure et simple et va se donner les moyens pour obtenir cette démission.
Je vous remercie.
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