Le chiffre a rapidement fait polémique. Au soir du meeting de la CAP Côte d’Ivoire de Charles Blé Goudé, tenu le 31 mai à la place Ficgayo, la journaliste de France 24, M’ma Camara, avait annoncé une estimation de 5 000 personnes.
Aussitôt, des voix dans les rangs de l’opposition sont montées au créneau pour contester ce qu’ils ont jugé être une sous-évaluation manifeste. Mais que s’est-il réellement passé en coulisses avant cette annonce ?
L’oeil d’Abidjan a reconstitué les faits.
Dès la fin du rassemblement, la journaliste entreprend de croiser plusieurs sources pour produire une estimation équilibrée. Première étape : les forces de sécurité sur place. Leur réponse est précise : 3 500 personnes, selon leurs propres évaluations.
M’ma Camara se tourne alors vers le comité d’organisation de l’événement. Surprise : dans un premier temps, les proches de Blé Goudé reconnaissent ne pas pouvoir avancer de chiffre, estimant ne pas disposer des compétences nécessaires pour estimer la foule. Mais quelques heures plus tard, après concertation interne, ils la recontactent avec une fourchette : entre 6 000 et 7 000 personnes.
Face à ces écarts, la journaliste joue la carte de l’équilibre : elle propose une moyenne de 5 000, qu’elle soumet à validation. Le comité d’organisation donne son accord. C’est donc sur la base de cet échange, en présence même de membres de l’équipe de Blé Goudé, que M’ma Camara réalise son duplex pour France 24.
La journaliste assure n’avoir rien improvisé. Elle conserve les messages échangés avec le staff de la CAP-CI, qu’elle a montrés à plusieurs interlocuteurs, preuve que le chiffre de 5 000 n’est pas sorti de nulle part.
Mais il faut souligner que derrière cette querelle de chiffres se cache une réalité plus politique : chaque camp tente de peser dans la bataille des perceptions. Dans ce jeu, même les journalistes deviennent, parfois malgré eux, des pièces du dispositif.
David Kouassi
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