La situation au Burkina Faso ne cesse de se dĂ©tĂ©riorer, et la junte au pouvoir, dirigĂ©e par Ibrahim TraorĂ© alias ib cacao, semble ĂȘtre Ă un tournant critique. Les Ă©vĂ©nements rĂ©cents tĂ©moignent dâun dĂ©litement accĂ©lĂ©rĂ© du systĂšme instaurĂ©, marquĂ© par des revers militaires des plus inquiĂ©tants.

Le 8 octobre 2024, lâunitĂ© « GuĂ©pard », chargĂ©e de la sĂ©curitĂ© du prĂ©sident, a subi une attaque dĂ©vastatrice Ă Boko, prĂšs de Boulsa. Les terroristes ont non seulement pris possession de la base, mais ont Ă©galement mis la main sur un arsenal militaire flambant neuf, un vĂ©ritable affront Ă lâautoritĂ© de la junte. Cette perte, symbolique Ă bien des Ă©gards, a laissĂ© sans voix le sergent chef Bounkuy COUMBIA, commandant de lâunitĂ©. Dans un film diffusĂ© par le JNIM, on voit des insurgĂ©s islamistes tenter de sâemparer dâun vĂ©hicule blindĂ© abandonnĂ© par les soldats en fuite. Comment expliquer cette dĂ©bandade, alors mĂȘme que les forces armĂ©es disposent dâun matĂ©riel moderne?

La spirale de la dĂ©faite n’est pas qu’armĂ©e; elle est Ă©galement psychologique. Les militaires semblent perdre tout Ă©lan, abandonnant leurs postes et leurs Ă©quipements Ă l’ennemi. AprĂšs l’attaque meurtriĂšre de Barsalogo, oĂč des civils ont Ă©tĂ© massivement tuĂ©s, la rĂ©action des troupes a Ă©tĂ© dĂ©sastreuse. Le ministre de la DĂ©fense, le gĂ©nĂ©ral Coulibaly Kassoum, a mĂȘme dĂ» renoncer Ă rencontrer les soldats, craignant pour sa sĂ©curitĂ© face Ă une grogne palpable. Ce climat de dĂ©fiance et de dĂ©sespoir sâest traduit par des retraits tactiques systĂ©matiques lors des attaques.

Le 17 octobre 2024, une autre base Ă Rambo a Ă©tĂ© attaquĂ©e, entraĂźnant un repli des 132 militaires prĂ©sents. Bien que les autoritĂ©s Ă©voquent un bilan limitĂ©, la prise totale de la base par les Groupes ArmĂ©s Terroristes (GAT) envoie un message alarmant sur la capacitĂ© de lâarmĂ©e Ă dĂ©fendre son territoire.

Le 19 octobre, sur lâaxe Kaya-Ouaga, des GAT ont carrĂ©ment pris possession de la RN3, rĂ©gulant la circulation et allumant des feux, marquant ainsi une escalade dans leur audace. Les images de cet incident, survenu prĂšs de ZiniarĂ©, illustrent une situation de plus en plus prĂ©caire.

Face Ă cette dĂ©bĂącle, la junte tente de minimiser les Ă©vĂ©nements, mais le peuple burkinabĂ© nâest pas dupe. Ibrahim TraorĂ©, qui a longtemps ignorĂ© les leaders traditionnels et religieux, se retrouve aujourdâhui dans une position dĂ©licate, cherchant dĂ©sespĂ©rĂ©ment leur soutien. LâĂ©conomie, dĂ©jĂ Ă lâagonie, complique davantage la situation. Comment espĂ©rer gagner une guerre dans un contexte aussi dĂ©sastreux ?
Yacouba DOUMBIA
Journaliste / Observateur averti / SpĂ©cialiste de l’AES
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